Coupe des oreilles, de la queue et dégriffage chez le chat et le chien : que dit la loi sur le bien-être animal en France ?
- juliemizzon
- 21 oct.
- 4 min de lecture
Longtemps considérées comme des pratiques acceptables, les mutilations animales à des fins non médicales sont aujourd'hui strictement réglementées en France et en Europe. Qu'il s'agisse de la coupe de la queue, des oreilles ou du dégriffage, la législation a évolué pour reconnaître le chat et le chien comme des êtres sensibles. En tant que propriétaire ou professionnel de la santé animale, il est essentiel de connaître la loi pour garantir le bien-être animal.

1. Comprendre les pratiques : de quoi parle-t-on ?
Le dégriffage (ou onyxectomie)
Largement pratiqué en Amérique du Nord, le dégriffage du chat est une opération qui vise à empêcher l'animal de griffer les meubles ou les personnes. Cette procédure n'est pas une simple coupe de griffe : elle consiste à amputer la dernière phalange de chaque doigt. On retire ainsi la griffe et sa matrice, provoquant une douleur intense et une mutilation permanente. Cette intervention, qui est l'équivalent d'une amputation de l'extrémité des doigts, a de graves conséquences sur la posture, la marche et l'équilibre du chat.
La coupe des oreilles (ou otectomie)
L'otectomie était autrefois courante chez certaines races de chiens, comme les Dobermans ou les Boxers, pour des raisons purement esthétiques. Bien que très rare chez le chat domestique, cette pratique peut exister dans des contextes de cruauté animale. L'ablation d'une partie des oreilles est une mutilation irréversible qui affecte non seulement l'apparence de l'animal, mais aussi sa capacité à communiquer et à interagir.
La coupe de la queue (ou caudectomie)
La caudectomie, ou coupe de la queue, était pratiquée chez certaines races de chiens, mais aussi parfois chez des chats de race. Les justifications variaient, allant de l'esthétique à la prévention de blessures. Cependant, la queue est un outil essentiel d'équilibre et de communication chez le chat, et sa suppression est une mutilation qui entraîne des déséquilibres et des troubles du comportement.
2. Le cadre légal en France de la loi sur le bien-être animal : ce que vous devez savoir
La loi française a considérablement évolué pour protéger nos compagnons à quatre pattes.
Une protection juridique renforcée
Depuis le 1er janvier 2015, les animaux domestiques sont officiellement reconnus dans le Code civil comme des "êtres vivants doués de sensibilité", et non plus comme de simples biens meubles.
Cette avancée majeure se traduit concrètement dans le Code rural et de la pêche maritime. L'article R214-21 est clair : toute intervention chirurgicale visant à modifier l'apparence d'un animal ou réalisée à des fins non curatives est strictement interdite.
Le dégriffage du chat, la coupe des oreilles et de la queue : des pratiques illégales
Dégriffage du chat : Il est totalement interdit de pratiquer une onychectomie en France, à moins qu'une raison médicale impérieuse (comme une tumeur ou une infection grave) ne le justifie, sur avis d'un vétérinaire.
Coupe des oreilles et de la queue : Ces pratiques sont également prohibées pour des raisons esthétiques.
Ablation des cordes vocales : Bien que moins connue, cette pratique est aussi interdite.
L'influence de la législation européenne
La France a ratifié la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie en 2004. Ce texte fondamental a pour objectif d'interdire les interventions non curatives, un engagement partagé par la majorité des pays d'Europe. Cette harmonisation législative est un pas de plus vers une meilleure prise en compte du bien-être animal sur tout le continent.
Des sanctions pour les contrevenants
La loi ne se contente pas d'interdire, elle punit également. Le vétérinaire qui réalise l'opération et le propriétaire qui la demande s'exposent à des sanctions sévères : jusqu'à 6 mois de prison et une amende pouvant atteindre 7 700 euros.
3. Pourquoi une telle interdiction ? Le bien-être animal avant tout
L'évolution de la loi repose sur une compréhension approfondie de la souffrance animale.
Douleur et conséquences à vie
Le dégriffage : il entraîne des douleurs chroniques. Le chat, amputé de ses phalanges, ne peut plus se déplacer ou se tenir en équilibre normalement. Il est sujet à des troubles locomoteurs et, pour compenser, peut devenir plus agressif ou anxieux.
Les mutilations esthétiques : elles privent l'animal de ses moyens de communication naturels. La queue et les oreilles sont essentielles pour exprimer des émotions. En les modifiant, on compromet sa capacité à interagir avec ses congénères et avec les humains, ce qui peut engendrer de la frustration et des problèmes de comportement.
4. Des alternatives respectueuses pour tous
Heureusement, il existe des solutions bien plus éthiques et efficaces.
Pour un chat qui fait ses griffes partout :
Des supports adaptés : Mettez à disposition de votre chat plusieurs griffoirs, arbres à chat et tapis qui lui permettront d'user ses griffes naturellement.
L'entretien régulier : Habituez votre chat à la coupe régulière des griffes dès son plus jeune âge. Un vétérinaire ou un auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV) peut vous montrer la bonne technique.
Les protections douces : Les capes en silicone ("soft claws") sont des alternatives temporaires et indolores qui recouvrent les griffes, sans les abîmer.
Pour les troubles du comportement :
Éducation positive : Utilisez le renforcement positif pour canaliser l'énergie de votre chat et l'aider à adopter les bons comportements.
Enrichissement du milieu : Des jeux, des jouets, des parcours verticaux et des moments de partage peuvent réduire le stress et l'ennui, qui sont souvent à l'origine des comportements destructeurs.
Consultation avec un spécialiste : Si les problèmes persistent, une consultation avec un vétérinaire comportementaliste peut aider à identifier la cause profonde et à trouver une solution sur mesure.
5. Le rôle crucial des professionnels de la santé animale
Le vétérinaire et son équipe (ASV) ont une responsabilité majeure. Ils doivent :
Informer les clients sur la la loi du bien-être animal en vigueur.
Éduquer les propriétaires sur l'éthologie féline et canine.
Proposer des solutions qui respectent l'intégrité physique et psychologique de l'animal.
Ensemble, professionnels et propriétaires, nous pouvons faire en sorte que ces pratiques barbares appartiennent définitivement au passé et que tous les animaux bénéficient du respect qu'ils méritent.



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