La Maladie des Griffes du Chat (Bartonellose) : Comprendre et Prévenir cette Zoonose

Le chat est l'un des animaux de compagnie les plus appréciés, mais il est aussi porteur de certaines bactéries qui peuvent être transmises à l'Homme. Parmi elles, Bartonella henselae, responsable de la Maladie des Griffes du Chat (MGC), ou bartonellose.

Bien que le nom puisse susciter l'inquiétude, la MGC est généralement une zoonose bénigne. Cependant, elle est la cause d'infection ganglionnaire la plus fréquente chez l'enfant et l'adolescent. Il est donc crucial de comprendre comment la bactérie est transmise, quels sont les risques et, surtout, quelles sont les mesures de prévention efficaces.

1. Qu'est-ce que la Maladie des Griffes du Chat (MGC) ?

La MGC est une infection bactérienne causée par Bartonella henselae. Cette bactérie est présente dans le sang des chats, en particulier chez les chatons et les jeunes adultes.

Le Chat : Un Porteur Sain

Le point le plus important à retenir est que le chat est un réservoir naturel et un porteur sain de la bactérie. Cela signifie que :

• La bactérie est très fréquente dans la population féline.

• Le chat est rarement malade, ou ne présente que des symptômes très légers.

• Il transmet la bactérie à l'Homme sans le savoir, principalement lors de jeux ou de blessures.

Chez l'Homme, l'infection se produit par inoculation : la bactérie pénètre la peau à travers une griffure, une morsure ou, plus rarement, un léchage sur une plaie ouverte ou une muqueuse.

2. Modes de Transmission et le Rôle Crucial des Puces

Comprendre le cycle de vie de Bartonella henselae est essentiel pour mettre en place une prévention efficace.

Le Cycle Puce-Chat-Homme

Contrairement à une idée reçue, la bactérie n'est pas transmise directement entre chats par simple contact. Le vecteur principal et indispensable au cycle est la puce du chat (Ctenocephalides felis).

1. Transmission entre chats : Les puces ingèrent la bactérie lorsqu'elles piquent un chat porteur. Elles excrètent ensuite la bactérie dans leurs déjections. Lorsqu'un chat se toilette ou se gratte, il ingère ou se contamine avec ces déjections.

2. Transmission à l'Homme : La personne est contaminée lorsque les griffes du chat (souillées par des déjections de puce infectées) pénètrent sa peau, créant ainsi une porte d'entrée pour la bactérie.

C'est pourquoi un chat infesté de puces est non seulement plus susceptible d'être porteur, mais aussi plus à même de transmettre la bactérie. Il est important de noter que tous les chats ne sont pas porteurs et que toutes les griffures ne sont pas contaminantes.

3. L'Évolution de la Maladie chez l'Homme

La MGC est classiquement une maladie évoluant en plusieurs phases, le plus souvent bénignes et spontanément résolutives.

Symptômes Locaux et Régionaux (Phase 1)

Quelques jours à quelques semaines après l'inoculation (griffure, morsure) :

• Lésion primaire : Apparition au point d'entrée d'une petite papule ou d'un bouton rouge (ressemblant parfois à une piqûre d'insecte), qui peut être indolore et passer inaperçue.

• Adénopathie régionale : C'est le symptôme le plus fréquent et le plus caractéristique. Le ganglion lymphatique le plus proche de la lésion (par exemple, au coude, à l'aisselle ou au cou) se met à gonfler (adénopathie). Ce ganglion devient dur, sensible, et peut parfois rougir et chauffer.

Symptômes Généraux (Phase 2)

Des signes généraux peuvent accompagner l'adénopathie :

• Fièvre modérée (généralement inférieure à 38.5∘C).

• Fatigue, maux de tête, douleurs musculaires ou articulaires.

Dans la majorité des cas, l'infection se résout d'elle-même en quelques semaines ou quelques mois sans laisser de séquelles.

Formes Disséminées et Graves (Les cas rares)

Bien que rares, des formes graves peuvent survenir, particulièrement chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli (patients atteints du SIDA, sous chimiothérapie, ou transplantés).

Ces complications peuvent inclure :

• Atteinte hépatique ou splénique : Angiomatose bacillaire (tumeurs vasculaires) au foie ou à la rate.

• Complications neurologiques : Méningite, encéphalopathie.

• Complications oculaires : La neuro-rétinite, qui peut causer une baisse de la vision.

4. Diagnostic et Traitement de la Bartonellose

Diagnostic chez l'Humain

Le diagnostic est souvent suspecté sur la base de l'examen clinique (présence de la lésion d'inoculation et du ganglion enflé) et de l'historique du patient (contact récent avec un chat, griffure).

La confirmation repose sur des tests de laboratoire :

• Sérologie : Recherche des anticorps spécifiques anti-Bartonella henselae dans le sang.

• PCR (Polymerase Chain Reaction) : Une technique de biologie moléculaire plus rapide pour détecter l'ADN de la bactérie.

Traitement

• Cas bénins : La surveillance et le traitement symptomatique (antalgiques, anti-inflammatoires) suffisent généralement, car la maladie guérit spontanément.

• Cas sévères : Une antibiothérapie est nécessaire pour prévenir les complications. Les antibiotiques de choix sont l'azithromycine, la doxycycline, ou la rifampicine.

5. Stratégies de Prévention : L'Hygiène et l'Antiparasitaire

La prévention est la meilleure arme contre la MGC. Elle ne passe pas par l'éloignement de votre chat, mais par l'application de mesures simples et efficaces.

Contrôle Antiparasitaire (La Priorité)

Puisque la puce est le vecteur clé, le contrôle des puces est la mesure préventive la plus efficace.

• Traitement régulier : Administrez à votre chat des traitements antiparasitaires externes efficaces et à large spectre, prescrits par votre vétérinaire, et ce, toute l'année.

• Environnement : Traitez également l'environnement de la maison en cas d'infestation avérée, car les puces se nichent dans les tapis et les tissus.

Mesures d'Hygiène et de Comportement

Ces gestes simples réduisent drastiquement le risque de contamination :

• Désinfection des plaies : En cas de griffure ou de morsure, nettoyez immédiatement la zone avec de l'eau et du savon, puis désinfectez avec un antiseptique.

• Hygiène des mains : Lavez-vous les mains après avoir joué avec votre chat.

• Jeux doux : Évitez les jeux qui encouragent votre chaton à mordre ou à griffer. 

• Attention aux plaies ouvertes : Évitez de laisser votre chat lécher toute plaie ou coupure ouverte sur votre peau.

Conclusion : Vivre Sereinement avec votre Compagnon

La Maladie des Griffes du Chat est un rappel que nos animaux peuvent être porteurs de bactéries sans en souffrir eux-mêmes. Elle ne doit pas être une source d'inquiétude majeure, car elle est le plus souvent bénigne.

En appliquant une prévention rigoureuse contre les puces et en respectant des gestes d'hygiène simples, vous réduisez le risque de transmission à un niveau minimal. Continuez de profiter de la complicité unique qui vous lie à votre chat, tout en garantissant la sécurité et le bien-être de toute la famille.